mercredi 25 novembre 2009

Le pays du bonheur


L'autre soir, Arte proposait un reportage sur le Danemark, le pays du bonheur. Voilà ce que j'en ai retenu.

Au Danemark, on paye beaucoup d'impôts, mais c'est pour le bien de la communautée. En France, on en paye pas mal aussi, mais on n'aime pas froisser les grandes fortunes, de crainte qu'elles ne s'exilent à l'étranger.

Au Danemark, on laisse les jeunes enfants grimper dans les arbres. En France, on s'interroge de savoir s'il n'y a pas un gène susceptible de transformer de charmants bambins en futurs délinquants.

Au Danemark, et particulièrement dans les maisons de retraite, les vieux aménagent leur chambre comme ils veulent, boivent du vin, chantent et, dit-on, continuent de faire l'amour. En France, c'est la dérive des incontinents.

Au Danemark, on quitte son travail à 16 heures; on travaille 37 heures par semaine. En France, on veut travailler plus pour gagner plus. Et on se fait virer comme un malpropre.

Au Danemark, on ne reste pas longtemps au chômage. En France, on ne voit pas très bien ce qu'on peut faire pour vous, malgré un Etat qui vous veut du bien.

Au Danemark, on aime le naturisme et les clubs échangistes. En France, on a Michel Houelbecq, et ce n'est pas vraiment marrant à lire.

Au Danemark, ce sont les filles qui draguent les garçons; et les garçons sont d'accord, surtout s'ils sont bourrés. En France, les garçons sont bourrés, mais ils ne sont jamais d'accord.

Au Danemark, il y a une reine, mais c'est un pays assez égalitaire. En France, on a un président de la République, mais on est très chatouilleux sur la question du porte-monnaie.

Bref, il semblerait que le Danemark ait réalisé l'idéal de l'Etat-providence, sans avoir eu à passer par une révolution et de grandes déclarations solennelles sur la liberté, l'égalité et la fraternité.

Revers de la médaille, quand même: au Danemark, on n'aime pas trop les fortes individualités. C'est peut-être pour cela qu'on aime se beurrer la tronche. Pour oublier qu'on est... danois!

vendredi 13 novembre 2009

Le beauf et la bobo


Suite aux déclarations de Marie N'Diaye qualifiant la France de Sarkozy de "monstrueuse", Eric Raoult, député UMP et apôtre de la beaufitude, en a appelé à "un devoir de réserve". Marie N'Diaye lui a rétorqué que, n'étant pas fonctionnaire, elle n'était tenue à aucune réserve, ce qui est bien compréhensible quand on est un écrivain doué comme elle et, qui plus est, installé à Berlin depuis peu, ville qui en jette quand même vachement mieux que notre petite capitale où il ne s'est rien passé en 89, sauf un défilé ridicule et criard sensé célébrer les grandes heures de la Révolution française, à l'excepté du minuit de la Terreur. Plus tard, Marie N'Diaye est revenue sur ses propos, les qualifiant d'excessifs, puis, chose curieuse, a remis le couvert une dernière fois en disant assumer pleinement ce qu'elle avait dit dans l'interview des Inrockcuptibles et en appelant à l'arbitrage du ministre de la culture et des cinémas d'art et d'essai, Frédéric Mitterrand.

Tout, dans ce débat, est bancal dès le départ. Si Marie N'Diaye a voulu, à l'occasion du Goncourt, passer pour un écrivain engagé de l'anti-sarkosysme, elle s'est pris les pieds dans le tapis, ne voyant pas que sa situation de pseudo exilée berlinoise la rangeait objectivement du côté des bobos, élite cultivée et friquée qui aime la gauche quand elle s'incarne dans Ségolène Royal, mais répugne à bouffer du saucisson à l'ail et à boire du gros rouge.

De la même manière, pour quelqu'un qui n'est pas fonctionnaire, on s'étonne qu'elle en appelle au ministre de la culture. Mais, venant d'une Française élévée dans le moule de l'Etat-providence, pour ne pas dire jacobin, on comprend qu'elle en appelle à un Père protecteur, elle la pauvre fille qui sait tourner ses phrases pour écrire des histoires, mais n'en trouve pas d'assez fortes pour se défendre elle-même!

Bref, on se croirait revenu au temps de Louis XIV, quand un courtisan en appelait à la bienveillance du roi pour rentrer en grâce. Et puis, à quoi bon en appeler à un ministre qui se trouve justement pieds et poings liés à un Président qu'elle déteste?

Quant à Eric Raoult, mieux vaut économiser de l'encre que d'en parler. On l'invitera cependant à méditer cette phrase de Léon Daudet, qui avait défendu Céline lors de l'attribution du prix Goncourt, Céline dont personne ne voulait à cause de sa peinture déprimante de la Grande Guerre dans Voyage au bout de la nuit: "La patrie, je lui dis merde quand il s'agit de littérature!" Mais M. Raoult sait-il qui est Céline? Ne risque-t-il pas de le confondre avec le modiste du même nom? Il est vrai que, lorsqu'on est député, on n'a guère le temps de s'occuper de littérature...

mercredi 11 novembre 2009

Guérir sans peine


Pour doper les ventes de la Mini Cooper, les publicitaires ont lancé une nouvelle campagne d'affichage dont le slogan se résume à ces deux mots: "Mieux qu'une psychothérapie!"

On remarque tout de suite que la pub ne s'adresse pas à n'importe qui. Psychothérapie n'est pas un mot qu'on emploie tous les jours et chacun sait qu'une analyse revient cher, surtout quand elle n'est pas remboursée par la sécu.

Donc, l'acheteur potentiel de la Mini est un type (ou une typesse) qui a du vocabulaire et du fric à jeter par les fenêtres (de la Mini, justement). Mais pourquoi préférerait-il une bagnole à une psychothérapie? Sur ce sujet, la publicité ne nous apprend rien de plus. Mais on comprend quand même qu'il vaut mieux acheter une Mini plutôt que de passer des mois, voire des années, sur le divan du Docteur Freud. Et pourquoi?

Parce qu'une voiture, ça offre tout de suite du plaisir. C'est un peu comme se désaper et passer au lit avec son partenaire préféré. On y va, on passe à l'action et tout le monde est content (enfin, ça dépend). Alors qu'une théraphie, qu'est-ce que ça offre au juste? On n'en voit jamais la fin et on n'est même pas sûr de coucher avec son analyste! Alors oui, il vaut acheter une Mini plutôt que faire une psychothérapie. Reste à savoir si la bagnole a un effet curatif... Et si c'est le cas, de quoi guérit-elle au juste? Pas de la douleur d'aimer, ça c'est sûr... A moins de foncer droit dans le mur!