lundi 5 octobre 2009

Le foot ou la rue!


La bêtise a encore frappé. Cette fois-ci, elle revêt les nobles habits de la pédagogie. De quoi s'agit-il? De lutter contre l'absentéisme des élèves. Et comment? Le lycée professionnel Frédéric-Mistral de Marseille semble avoir trouvé la solution: en offrant chaque mois des billets pour les rencontres de l'O.M. aux élèves de la classe qui aura enregistré le taux le plus faible d'absentéisme. Bien entendu, il ne s'agit que d'une expérience pédagogique; rien ne dit qu'elle sera étendue à d'autres établissements, voire à la France entière. Nous voilà rassurés. Enfin, pas complétement...

S'il n'y a plus que le football pour ramener des élèves au lycée, c'est le signe que, du côté des pédagogues, on n'a plus rien d'autre à leur offrir. Du reste, remarquons-le, il s'agit seulement de lutter contre l'absentéisme: le mot travail, lui, n'a pas été prononcé. On peut même se demander si on attend des élèves présents qu'il fasse quelque chose dans la classe. Le principal est qu'ils soient là, n'est-ce pas? Cela suffit largement pour rassurer les familles et la police. On achète la paix sociale comme on peut, avec ce qui reste.

Bien plus, cette heureuse initiative en dit long sur la nature de la récompense et sur le profil des futurs récompensés. Ces derniers, visiblement, n'ont plus que le football dans la tête. Mais qui a voulu qu'on rétrécisse à ce point leur horizon, sinon ceux qui ont intérêt à remplir des stades ou à faire monter l'audimat à la télévision? Pauvres élèves, condamnés à éructer dans les gradins, parce qu'ils n'ont pas d'autre langage!

Quant au football, on savait depuis longtemps qu'il était devenu le nouvel opium du peuple. Tout le monde hurle contre les parachutes dorés. Il ne vient à l'idée de personne, y compris chez les masses laborieuses, de s'insurger contres les salaires éhontés des joueurs professionnels. Le football n'est plus seulement un sport: comme nombre de spectacles, il est devenu un instrument de domination des consciences.

Cette instrumentalisation du sport, nous la retrouvons dans cette idée de récompense accordée aux élèves méritants. Tenez-vous bien et vous aurez droit au match de foot! On se croirait revenu aux temps des bons points, sauf que les belles images d'aujourd'hui n'ont rien de particulièrement édifiant: elles ont la couleur du fric et de la notoriété, de l'argent-roi et de la pipolisation. Jadis, on accusa Socrate de corrompre la jeunesse. Aujourd'hui, on déroule un tapis rouge à ses corrupteurs.

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