mardi 28 juillet 2009

Comédie désabusée


Ma femme s'appelle reviens, comédie de Patrice Leconte, 1981.


Hier soir, M6 rediffusait Ma femme s'appelle reviens, comédie douce-amère avec Anémone et Michel Blanc dans les rôles titres. Michel Blanc incarne un médecin abandonné par sa femme et Anémone, une photographe de mode atteinte de boulimie et délaissée par son rocker de copain. Ils habitent au même étage d'un immeuble réservé aux célibataires.

Les décors, les costumes, le côté un peu "baba" des personnages, tout cela nous ramène au début des années 80, qui voient émerger des trentenaires dont on sent qu'ils sont passés par la case 68. En soi, le film n'a pas un grand intérêt cinématographique: la photographie a vieilli, Patrice Leconte s'emmêle un peu les pinceaux dans les transitions, etc. Par contre, il a un intérêt sociologique certain.

81, c'est l'arrivée de la gauche au pouvoir, l'espoir pour des millions d'électeurs de pouvoir "changer la vie" (slogan phare du PS à l'époque), l'idée d'un "grand soir" fraternel et convivial où tout le monde serait beau et gentil.

Le film de Leconte, bien que situé sur un terrain intimiste, dément complétement les choses. On y voit des célibataires pathétiques, incapables d'aimer et d'être aimés. En clair, des gens dont la cellule familiale se réduit à eux-mêmes, incapables de sortir de leur bulle, et donc dans une certaine mesure impuissants à changer les choses, ne serait-ce qu'en se délivrant de leur ego pour tendre vers l'amour vrai.

Du reste, le film se termine comme il a commencé: Anémone et Michel Blanc dînent dans un somptueux restaurant dont ils sont les seuls clients; la caméra recule, recule... Ils sont tout seuls au centre d'une pièce vide, et on pressent que ce dîner ne débouchera sur rien...

Et la gauche dans tout ça, me dira-t-on? Eh bien, c'est un peu la même chose. En 81, la gauche incarne un désir - mais ses amants sont déjà pris dans le maëlstrom de l'individualisme. Trente ans plus tard, bobos égarés dans un monde de brutes, ils feront les yeux doux à Ségo ou Nicolas S., faute de mieux.

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