lundi 23 mars 2009

Le Christ-chien


Pour faire suite à mon dernier message, je reprends la suggestion de Nadja au sujet du chien et du Christ.

Donc, imaginons que le Christ revienne sur Terre, mais incarné en chien. Un cleps dont personne ne veut: tout vilain, pustuleux, galeux, avec la peau sur les os et affligé d'une haleine de chacal. Le pauvre se nourrit de ce qu'il trouve, et plus souvent de ce qu'il ne trouve pas. En plus, il est bien embêté, parce qu'il ne peut pas parler. Alors, comment annoncer la bonne parole quand on ne sait qu'aboyer et que les gens vous lancent des pierres pour vous chasser?

Reste le regard. Quelque chose dans le fond des yeux qui vient de très loin et qui est pourtant très proche à la fois... Bref, un regard divin. Un regard qui dit: ne me chasse pas! Je suis tes propres yeux. Les yeux du coeur. Ceux qui traversent les apparences et qui font que tu es autre chose qu'un simple passant sur cette Terre...

Ce regard, un homme l'aperçoit un jour. Il est comme le chien: sale, mal fagotté, exilé de tout, sans toit et sans travail. L'homme recueille le chien. Ou plutôt, c'est le chien qui recueille l'homme. C'est lui qui, par la magie de son regard, va lui réapprendre ce qu'il a oublié: qu'il est un homme, qu'il a une dignité, qu'il a besoin d'amour. Bien vite, ils vont devenir des amis inséparables, et tant pis si le cleps n'arrive toujours pas à dégoiser la bonne nouvelle!

Un soir, l'homme rapporte un peu d'argent, achète à manger pour le chien et pour lui. Mais il ignore que d'autres l'ont vu; d'autres qui sont aussi pauvres que lui et en veulent à son argent.

Deux types fondent sur lui, le tabassent, lui volent son fric. Et comme ils sont un peu avinés, ils s'amusent à crucifier le chien sur une vieille porte.

Fin de l'histoire?

Non. Le pauvre type qu'on a tabassé finit par se relever et, pris d'une compassion extrême pour son compagnon d'infortune, décroche le chien de la porte et tente de le réanimer.

Alors, comme à la fin de Saint-Julien L'Hospitalier de Flaubert, il se passe à cet instant une chose extraordinaire. Le chien devient Christ et emmène le SDF jusqu'au Ciel!

Histoire édifiante, me dira-ton. Oui, peut-être... Mais des pauvres qui volent les pauvres, on en voit tous les jours à la rubrique des faits-divers, et pour ceux-là malheureusement il n'y a guère de rédemption...

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